Les statues sont adossées aux murs crème baignant dans la pénombre. Elles figurent des surasundari, ces beautés célestes indiennes. Elles ont le visage rond, parfois altéré par les éléments, le collier de perles serpentant sur une poitrine généreuse, les hanches rebondies, les cuisses dévoilées par une robe dénouée. Le port est audacieux et le geste lascif, cette griffe de l’art indien inspirée du Kama-sutra. Il y a la surasundari en « position acrobatique », la surasundari « dansant » ou la surasundari « dans l’acte d’écriture ».
Un colosse à l’épaisse barbe blanche
Dans cette salle de musée juchée sur une terrasse du palais d’Udaipur, haut lieu d’une ancienne principauté rajpute du Rajasthan, les beautés célestes attendaient, fin juillet, d’être empaquetées vers Paris. Depuis, elles sont venues enrichir la collection de pièces (sculptures, peintures, miniatures…) rassemblées à la Pinacothèque pour une exposition intitulée « Le Kama-sutra. Spiritualité et érotisme dans l’art indien ».
L’un des acteurs principaux de cette exposition est Arvind Singh Mewar, un colosse à l’épaisse barbe blanche et à l’œil noir roulant sous une broussaille de sourcils. Il est assis à son bureau gainé d’un tapis grenat. Dans la vaste pièce aux pilastres cannelés, des miroirs géants réfléchissent la lumière du lustre de cristal ruisselant du plafond. Le palais d’Arvind Singh Mewar est le joyau d’Udaipur. Ce labyrinthe de salons donne sur des terrasses, patios et péristyles surmontés de tourelles à coupoles qui dominent, telle une falaise d…
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